Aller au contenu

Page:Yver - Les Cervelines.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maintenant de confusion. Qu’avait-il dû paraître à ses yeux ?

Un mois passa. Il cessa de penser à son aventure de la rue de la Pépinière, d’autant que le sou venir lui en était plutôt fâcheux. Ponard et lui n’avaient plus jamais parlé de la belle romancière ; c’était fini ; quand, un après-midi, comme il travaillait dans sa chambre de l’hôpital, on frappa chez lui. C’était son chef de service qui introduisait à ses yeux, vêtue d’une claire robe de drap bruissante et soyeuse, l’élégante authoress dont le blond visage n’était qu’un sourire sous son grand chapeau.

Le timide Cécile rougit et perdit la tête ; ses yeux affolés cherchèrent un fauteuil qu’ils ne virent pas sous les livres. Pendant ce temps, la jeune femme, qui marchait encore avec une difficulté légère, s’aidant d’un manche d’ombrelle pour avancer, lui tendait la main, et il reconnut cette voix de l’autre jour qui lui remémorait le lit, les torsades de damas, le baldaquin et la chambre parfumée sous le jour pâle de la lampe.

— Je suis venue vous remercier moi-même, disait-elle ; une lettre ne m’aurait pas suffi : le docteur Ponard me l’a affirmé, vous avez contribué autant que lui à ma guérison, et je vous dois, comme à ce vieil ami, de n’être pas infirme aujourd’hui.

— Je n’ai rien fait, madame, balbutia-t-il

— Quoi, vous n’avez rien fait ? Ne l’ai-je pas senti quand vous m’avez broyé les os à votre second pansement, reprit-elle en riant. Il paraît que c’est là que vous m’avez sauvée.

Sa gaîté, son élégance bruyante de Parisienne,