Page:Yver - Les Cervelines.djvu/37

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tout le féminin épanouissement de sa personne emplissait la chambre de l’étudiant. Lui eut l’instinct qu’il ne pourrait plaire à une telle femme que par la franchise de sa simplicité. Elle le dominait. Il parla de lui, de son enfance, de ses parents, de la ville de Briois et de ses monuments. Il parlait en sentant ces sujets très au-dessous d’elle, mais il était trop peu artiste pour se lancer dans une conversation vraie avec cette femme célèbre, et il espérait la toucher, intelligente de tout comme elle devait être, par cette humilité.

Quand elle fut partie, il trouva sur sa table, pliés par sa main dans une minuscule enveloppe, deux billets de cent francs.

Ses besoins faisaient qu’il aimait l’argent, mais la possession de celui-ci lui déplut et le gêna. Il eut l’idée de lui renvoyer cette somme, ou de la lui faire remettre, plus courtoisement, par Ponard. Il hésita. Plusieurs jours se passèrent. Puis il lui survint une dette de jeu qu’il solda avec la plus grosse partie de ces billets.

Il s’imaginait avoir été ridicule aux yeux de la brillante femme, et le souvenir qu’il en gardait se ternissait de ce mécontentement de soi. Puis il se rappelait, en d’autres moments, l’autorité que son métier lui avait un instant donnée sur elle, et comme elle l’avait supplié pour la cocaïne dans ses souffrances. La joie qu’il avait eue alors à la calmer lui revenait au cœur, décuplée ; il la savourait, l’exagérait, magnifiant en pensée ce geste minime de soulager, par une piqûre de sa lancette, cette belle jeune femme.

Un matin, Ponard lui dit entre deux salles :