Page:Yver - Les Cervelines.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

draperies aux perses blanches des rideaux ; elle épluchait çà et là des roses dans les corbeilles ; déplaçait une statuette, époussetait du doigt un bibelot. Elle continua de s’occuper silencieusement, tout un moment. La présence de Cécile, chose devenue ordinaire, ne l’arrêtait plus dans une foule de petits soins de son intérieur pour lesquels c’était son heure. Elle s’amusait maintenant à recoller un marbre minuscule qu’avait brisé le valet de chambre. Elle remettait l’un après l’autre, avec mille délicatesses, de petits membres fins qui n’égalaient pas en grosseur son doigt.

— Voyons, dit-elle à Cécile lentement, interrompue à chaque virgule par la difficulté de sa besogne manuelle, ne soyez ni injuste, ni fou. Vous désirez me voir compromettre la paix que je possède, pour la conquête de laquelle j’ai lutté si fort, afin de me plier à un sentiment dont vous êtes le jouet ! Je ne puis le nier, ce sentiment me touche, mon ami ; je ne suis pas une insensible ; je n’ai pu apprendre en indifférente que vous m’aimiez ; vous, vous entendez bien, vous ; car de tel ou tel autre, cela m’eût été parfaitement égal. Seulement, à votre déclaration, il aurait fallu que je m’émeuve au point de perdre le sens de la réflexion et de l’expérience ; comment voulez-vous ! Songez combien je suis en garde contre ces sortes de choses, combien je suis défiante, combien je fais strictement la part de l’illusion dans l’amour.

— Vous êtes une sans cœur ! prononça Cécile hors de lui.

— Vous mentez et vous êtes un ingrat, car je vous ai montré l’affection que la plus tendre parente n’aurait pas eue pour vous. Mais vous auriez