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Page:Yver - Les Cervelines.djvu/69

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femmes devant la terrasse du café : « L’autre, c’est Marceline Rhonans dont tout le monde parle. » Mais comment était faite cette autre vaguement entrevue ? À peine s’il se rappelait la longue cape blonde qui enveloppait, de la tête aux pieds, l’étudiante.

— Un auteur, cette dame ? questionna-t-il encore.

— Non pas ; tout simplement le professeur d’histoire au lycée de jeunes filles ; une personne fort instruite.

— Bon ! pensa Cécile, encore une Cerveline par là, sans doute.

— Gardez le journal, monsieur, s’il vous est agréable de faire par lui connaissance avec mon amie ; vous jugerez au moins de son érudition. Son article est très fort ; je le lui ai dit hier : « Ma chère, votre prose vaut à elle seule les deux sous du Petit Briochin. »

Cécile leva sur elle ses yeux surpris, elle ne plaisantait pas ; cette phrase, elle l’avait bien en effet offerte à son amie en guise de compliment. Il y avait en elle ce mélange de savoir et de rusticité ; la niaiserie campagnarde qui affleurait au-dessus de l’intelligence. Dès maintenant, elle déplaisait à Cécile et elle l’attirait en même temps. Il remarquait très avidement Tisserel. À ce moment, le jeune médecin était retourné vers ses élèves, au lit de la malade ; il avait repris la leçon, et Cécile lui voyait cette fièvre imperceptible des hommes devant celle qu’ils aiment ; il avait des poses soignées, les yeux plus luisants ; il s’étudiait pour Jeanne Bœrk. Il disait à l’externe :