Page:Yver - Les Cervelines.djvu/88

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pendante ; elle était entourée de très près d’amitiés, et celle de Jeanne Bœrk, froide et forte, édifiait à sa vie morale un invisible soutien. Jeanne était capable d’être une amie serviable et loyale. Toutes deux s’aimaient un peu comme deux bons camarades heureux de se trouver ensemble et tacitement prêts à se dévouer l’un à l’autre. Leur connaissance datait d’ailleurs d’une fièvre grave qu’avait eue Marceline, et pendant laquelle l’étudiante l’avait entourée de mille soins désintéressés, le jour et la nuit. Sans qu’il y eût entre elles la moindre tendresse, elles étaient sûres l’une de l’autre comme deux choses accotées ensemble, et qui tiennent de leur point de contact leur équilibre.

Inconsciemment, Marceline Rhonans éprouvait les douceurs latentes de cette fin de jour, du poème de sa vie, de cette amitié ; douceurs fondues en une seule émotion d’aise, de bonheur. Elle se sentit souverainement heureuse. Et avec son âme spéciale, Jeanne Bœrk vint encore accentuer le sens de cette impression :

— Le mariage, ma chère, c’est bon pour les hommes… fit-elle en éclatant de rire.