Page:Yver - Les Cervelines.djvu/89

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IV

Il y eut cette année-là à Briois un mois de juillet torride, pendant lequel il ne tomba pas une goutte de pluie. Implacablement, chaque matin, le soleil se levait et semblait faire fondre dans l’embrasement du ciel les nuages qui naissaient. Une lumière inconnue ruisselait le long des rues aux façades du midi, fonçant la ligne d’ombre opposée. Le pavé sec étincelait sous le sabot lourd des chevaux de camion traînant le coton filé, et il vint à se créer dans la ville, comme aux champs, une heure de la méridienne ; sous le soleil au zénith la cité s’assoupissait, les rues devenaient désertes ; dans l’air, les choses surchauffées, les toits, les faîtes d’églises, avaient un tremblement de leurs lignes sur le bleu du ciel, et la flèche de la cathédrale, l’aiguille géante de fonte, semblait vibrer.

De quartier en quartier, le docteur Jean Cécile allait cependant, visitant sa neuve clientèle éparse partout ! Cet été de Briois, les fatigues de sa vie pénible, l’ennui l’accablaient. Il faisait son métier sans goût ; sans plaisir, soignant d’anodines maladies, de vulgaires fièvres typhoïdes, des angines