Page:Yver - Les Cervelines.djvu/90

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insipides, puis des affections chroniques dépourvues d’intérêt, les cancers, les cardialgies, les arthrites, qui condamnent à l’inertie le médecin, inutile spectateur de leurs progrès. Que cette médecine bourgeoise était loin de ses scientifiques travaux d’hôpital, pleins de surprises !

On le voyait arpenter la rue de la République, les quais, les boulevards, les faubourgs, sonnant ici, sonnant là, indifférent et lassé. Il souffrait de la chaleur, et quand il rentrait chez lui pour l’heure de la consultation, retrouvant sa maison sans gaîté ni luxe, il pensait au salon de la rue de la Pépinière, parfumé de roses, de bien-être, où, à pareille époque, l’an dernier, il venait se reposer. Le salon était encore le même là-bas, rien n’y avait dû changer ; la romancière y recevait sans doute toujours ses amis. Pourtant Jean Cécile se disait, avec un seul regret physique pour le fauteuil confortable, mis auprès de la soucoupe de glace et du guéridon à l’eau fraiche : « Ce que j’y ai perdu du temps ! »

Alors il se mettait au balcon et contemplait en face les murailles lourdes et noires, sans fenêtres, de l’Archevêché.

Quelquefois il enviait Tisserel et sa jolie maison embellie par Henriette. Il allait souvent dîner chez lui et cet intérieur lui paraissait charmant, charmant comme un jeune ménage ami, avec cet avantage qu’ici, la grâce de la maîtresse des lieux et sa personne elle-même n’étaient pas de ces biens prohibés qu’il est seulement licite d’admirer. Cette délicieuse fille était libre, il y avait pensé plus d’une fois ; et en outre elle lui causait un certain embarras, parce qu’à diverses reprises