Page:Yver - Les Cervelines.djvu/97

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avait pu mieux connaître mais jamais étouffer, le mal inguérissable qu’il charriait peut-être invisiblement dans les plis de son habit quand, sortant de son service, il revenait à la maison.

Les paroles de Cécile l’avaient mis dans l’épouvante ; quelque chose de lugubre lui donnait cette pensée perdre Henriette ! Et son contentement intérieur de garçon heureux, ravagé soudain par cette peur, ne pouvait se ressaisir. Mais il voulait donner le change, tromper son ami et se tromper lui-même sur ce qu’il ressentait. Et c’est toujours aussi l’éternel besoin des hommes de se jeter plus éperdument, quand ils souffrent, vers la femme qu’ils ont élue au-dessus des autres il pensa si vivement à Jeanne Bœrk, tout à coup, qu’il sentit ne pouvoir attendre au lendemain pour la voir.

— Une idée me prend, dit-il à Jean, il y a en ce moment aux Sociétés Savantes, des conférences fort curieuses faites par cette Marceline Rhonans. Mademoiselle Bœrk m’en parle avec beaucoup d’admiration, veux-tu entendre celle de ce soir ?

Cécile tira sa montre.

— Elle doit être avancée déjà.

— Qu’importe ! reprit Tisserel, nous aurons toujours l’aspect de la salle, et il sera suffisamment réjouissant par cette chaleur d’entendre cette petite femme pérorer une demi-heure encore sur les modes des dames grecques. Nous entrerons d’ailleurs subrepticement par le haut de l’amphithéâtre.

— Allons, dit Cécile, secrètement satisfait.

La vérité est qu’il était depuis longtemps fort