Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/16

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fort qu’elle ne pouvait raccrocher le récepteur. Elle revint pourtant s’asseoir devant le petit piano de sa machine et voulut poursuivre la lettre commencée, mais elle s’aperçut que de grosses larmes rondes tachaient son papier. Alors elle se leva en prononçant tout haut :

— Je vais voir s’il est à l’usine.

Les bureaux étaient installés dans la maison de l’ancien filateur ; c’est ce qui expliquait, devant les fenêtres, cette pelouse verte ornée d’un cèdre du Liban. Marthe Natier contourna la pelouse par une de ces allées boueuses des alentours d’usine où les godillots des ouvriers malaxent sans cesse le gâchis. Elle allait sur la pointe de sa bottine pour ne pas la salir. D’ailleurs son trajet fut bref. Les bâtiments de la filature commençaient là, en plein parc. Déjà le ronflement infernal du tourbillon intérieur commençait à vous bourdonner dans le crâne Marthe Natier ouvrit une porte et entra directement dans l’atelier des bancs à broches.

C’était une immense galerie, pareille à une église et garnie sur quatre rangs de longues théories de métiers qui filaient le coton dans une giration affolante. Le coton