Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle entra. Sa figure plissée et parcheminée était encadrée du bonnet noir des dimanches qui portait un coquelicot vif sur le côté. Élie avait des gants et son manteau riche, qui depuis dix ans conservait dans l’armoire le lustre du neuf. Tout le monde lui fit fête, et elle s’assit à côté de madame, face à monsieur. On lui demanda ce qui l’amenait à cette heure.

— C’est une bien grande contrariété, monsieur Xavier, dit-elle en redevenant tragique, et j’aurais dû mourir plus tôt afin de ne pas voir ça.

Elle excitait ainsi les curiosités. On faisait mille suppositions, et on s’apitoyait, car toute sa souffrance intime se lisait dans le pli de sa bouche, dans cette expression douloureuse des vieilles femmes qui fait frémir.

— Monsieur se souvient ; quand j’ai épousé Natier, il m’a dit : « Nathalie, je vous donne la petite maison de l’ancien contremaître, vous y resterez votre vie durant. Vous en serez seule maîtresse, elle est votre bien. » Et monsieur a même ajouté comme ça : « C’est en souvenir de ce que madame et moi nous vous devons. »

Là-dessus la bonne femme s’arrêta une