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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/189

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vue, l’unique point de vue est ceci : j’ai fait, il y a vingt-cinq ans, une donation à Nathalie ; je ne dois pas plus revenir moralement sur ma parole que je ne puis revenir légalement sur l’acte notarié.

Philippe, à voix basse, émit une idée :

— On pourrait discuter la question avec Marthe, qui est une intelligence.

La main du père tomba lourdement sur la table. Sa douceur accoutumée avait disparu. Il dit d’une voix sourde mais toute altérée d’indignation :

— On ne discutera pas, Nathalie est libre. Je la connais. C’est un sentiment profond et souverain qui l’attache à sa vieille masure. C’est toute sa sentimentalité. Son passé respire dans l’ombre des coins obscurs. Les murs ont des yeux pour la regarder. Ce sont ses Verdelettes à elle. Jamais un sentiment sacré n’entrera pour moi en balance avec l’appât d’un gain plus grand.

— Alors, l’idée de monsieur, c’est que je garde ma maison ? demanda Nathalie.

Tous étaient suspendus aux lèvres du père de famille. Il répondit après une longue réflexion :

— Oui, que vous la gardiez.