Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/202

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voir ce qu’il souffrait. Samuel Alibert lui dit :

— Vous avez tort, Martin d’Oyse, vous avez tort.

Et là, il pensa fléchir. Samuel, dressé devant lui, armé de sa force tranquille, représentant la santé, la puissance brutale de la raison simple, faillit le subjuguer. Il fut séduit. Est-ce qu’il ne fallait pas tout bonnement s’abandonner à cette domination si naturelle basée sur l’argent et sur la vie ? Dans cet instant, sous le regard droit de ce garçon qui lui disait : « Vous avez tort », il fut plus véritablement tenté de rester, d’obéir aux instances de cette autre race robuste, que sous les yeux douloureux de Fanchette. Elle ne desserra pas les lèvres : une poignée de main nerveuse et ce fut tout. Nul ne vit le déchirement de leurs jeunes âmes. Fanchette s’essayait en vain à comprendre Philippe. Le labyrinthe de cette conscience de jeune homme l’égarait. C’eût été si simple de s’aimer. Dire qu’il la quittait, qu’il s’arrachait à elle à cause d’une vieille maison ! Elle le vit partir seul sur le chemin couvert, car il n’avait voulu personne pour l’accompagner à la gare. Elle espérait qu’il se retournerait : il ne le fit