Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/203

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pas. Plus il était obscur, plus il attirait violemment son cœur. Elle pensa : « Je ne le reverrai plus. » Son regard glacé ne changea pas.

Philippe, lui, descendait à pied la route de la vallée déjà touchée par l’automne. Les verdures s’y faisaient plus sévères, et l’odeur de l’été en avait disparu. Il avait envie de se rouler en sanglotant sous les taillis. Quand il se vit dans l’absolue solitude, il appela tout haut ; « Fanchette ! Fanchette ! » Puis il se dit en frissonnant :

— Mais je suis fou, je suis totalement fou. À quoi est-ce que j’obéis ? Qu’est-ce qui commande en moi, plus fort qu’un tel amour ? Si je vivais cent ans, rien n’aurait valu dans ma vie que les minutes où j’ai tenu Fanchette dans mes bras ; et volontairement je m’en vais mener pour toujours loin d’elle une existence lamentable. Pourquoi ? sous quel prétexte ? Cet amour n’est-il pas complet ? Mais il est impossible d’aimer davantage. La crainte de voir mourir cet amour à cause de nos dissemblances ? Mais Fanchette vieillie, fanée, et toujours lointaine, je l’adorerais ; je l’ai senti en lui disant adieu, parce que ce n’est pas seulement de