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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/204

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l’enveloppe frêle et charmante de son âme que je suis épris, c’est de cette âme même, de cette âme si virile que j’ai aperçue là, dans cette seconde, jusqu’en son tréfonds, souffrant sans se plaindre, farouchement.

En passant par la filature, il entra dire adieu à Marthe Natier et à sa mère. Elles déjeunaient. On lui offrit une pêche du potager. Il y mordit de bon cœur, parce que tout ce qui venait de ces humbles et loyales amies lui paraissait meilleur que le reste. Marthe lui demanda :

— Pourquoi partez-vous de si bonne heure cette année, monsieur Philippe ?

— On vient de construire des appareils nouveaux qu’il faut que j’essaye, répondit-il.

— Vous vous entendiez bien avec ces messieurs Alibert ?

Philippe sourit et dit que oui. Marthe détacha de son col une épingle d’or.

— Regardez ce qu’ils m’ont rapporté hier de Rodan.

Le jeune homme examina le bijou sans rien dire.

— Ils sont très généreux, continua Marthe qu’on sentait acculée à des concessions d’opinion.