Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/206

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en a exprimé sa ferme volonté à ses associés. Je crois qu’ils ont eu à ce sujet une discussion serrée.

Marthe ne répondit pas. Quelques feuilles mortes tournoyaient sur l’eau ; elle les regardait en silence. La filature en plein travail ronflait éperdument, et les échappements périodiques de la vapeur imitaient une respiration de fièvre. Philippe n’aimait pas le silence de Marthe. C’était sa franchise nette et gaie qu’il prisait tant. Il continua :

— Mon père l’a dit carrément ; quand même il devrait y perdre une fortune — vous savez comme il y tient peu, à la fortune — il ne consentira jamais à vous déposséder.

— Oh ! fit Marthe en hésitant un peu ; c’est une idée de vieille femme qu’a maman. Car, monsieur Philippe, si vous saviez les jolis modèles de maison que ces messieurs nous ont donnés à choisir !

Philippe lui dit adieu, un peu brusquement, et il continua de cheminer le long de la rivière, vers la gare. Il traînait le pas visiblement, comme si sa valise eût été trop lourde.