Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien content et vous trouverez cela joliment agréable !

— Ma fille, dit doucement M. Xavier, rien ne peut valoir pour nous l’agrément de conserver dans cette vieille demeure le souvenir de la vie d’autrefois. C’est peut-être une sorte de rêve que nous faisons tout éveillés. Mais ceux qui emploient leur existence à enterrer définitivement le Passé, à éteindre les souvenirs, à nier que ce qui fut existe encore, sont les esclaves du Temps : le Temps les réduit à la minute présente, en fait des êtres éphémères, les soumet à son illusion, La vraie vie, la vie sans limite, est celle qui étend ses ailes en même temps sur le Passé et sur l’Avenir, qui lutte contre le Temps, qui défend contre lui ses usages, ses affections, ses souvenirs, ses morts. Que je fasse demain construire à mes fils une maison moderne, j’y mettrai certes toutes les commodités que la science humaine a inventées et dont je voudrais qu’ils profitassent. Mais ici, Cécile, nous sommes les gardiens d’une superbe relique. On y joue, si vous voulez, la divine comédie du vieux temps afin que la vie de nos pères, de nos aïeux, ne tombe pas tout à fait sous la faux stupide de l’impi-