Aller au contenu

Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fut troublée. Elle ignorait toute malice, et sans découvrir dans sa conduite aucune faute, elle s’affligea pourtant de voir souffrir Élie.

Elle s’approcha de lui, l’enlaça, chercha son visage qu’il cachait.

— Mais, mon chéri, je vous adore. Je vous assure que je vous adore, moi aussi, répétait-elle. Je me demande ce que vous avez à’me reprocher. Ces deux garçons, pour moi, sont des camarades, rien de plus.

— Ce n’est pas d’eux que je suis jaloux, murmura Elie, c’est de votre race qui vous reprend, qui vous arrache à moi. J’ai essayé de vous faire mienne totalement ; je n’ai pas pu.

L’esprit de Cécile, espiègle et géométrique à la fois, tenta un effort pour consoler cette subtile détresse.

— Élie, on ne change pas son sang, on ne peut pas, mais on aime cependant. Ce n’est pas ma faute si je ne suis qu’une Alibert. Votre famille, je vous l’ai cent fois dit, je suis à genoux devant elle, je l’admire, je ne me lasse pas des horizons nouveaux qu’elle m’ouvre chaque jour. Les Martin d’Oyse, je le conçois bien, sont mille fois plus intéressants que nous ; ils sont chatoyants, ils sont divers, ils sont imprévus.