Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/230

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Mais, devant son mari, elle se gardait bien d’exprimer son contentement. Elle prenait un air sage de petite fille à qui l’on a pardonné. D’ailleurs les Martin d’Oyse assistaient impassibles à cette nouvelle défaite de leurs intimes sentiments. Jamais ils n’en disaient un mot. Ils subissaient une catastrophe, mais ils y avaient donné leur adhésion et savaient pourquoi. Toute plainte était superflue. Le jour où l’on monta dans le grand salon les deux radiateurs vernissés, madame Élisabeth intervint seulement : c’était afin qu’on ne les posât point sous les portraits célèbres des Martin d’Oyse du xviie et du xviiie siècle, qui formaient là une galerie incomparable. Elle craignait pour ces toiles précieuses. Mais la disposition du salon fit qu’il fallut déplacer l’aïeule charmante du temps de Louis XIV, celle dont le haut front se couronnait de boucles légères et à qui l’on disait que Chouchou ressemblait comme un fils Ce portrait régnait là depuis si longtemps que le gros clou rouillé se cassa dans la pierre du mur.

Fanchette, pendant ces travaux, errait dans le parc humide, autour du château, quelquefois dans le vestibule et jusque vers les