Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/265

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l’extension que ces messieurs Alibert désirent ?

Cela, l’extension de l’usine, c’était devenu le point de vue de Marthe Natier. Insidieusement, les Alibert l’avaient conquise. Elle aimait trop la filature pour ne pas estimer ceux qui avaient donné à cette filature en moins d’un an une impulsion magnifique. Elle les admirait. C’était, pour elle, des dieux étrangers survenus dans sa vie et qui, l’ayant éblouie peu à peu, lui imposaient un culte qu’elle ne s’avouait même pas. Quand elle les voyait descendre chaque matin si ponctuellement aux bureaux, dépouiller les courriers, décider en une minute quelles commandes on acceptait, quelles on refusait, puis visiter les ateliers, surveiller un à un chaque brise-balle, chaque banc d’étirage, chaque ouvreuse, chaque carde, chaque métier, chaque dévidoir, puis vérifier avec M. Sauvage les poids en fils obtenus la veille, comparer les chiffres avec ceux des jours précédents et retourner aux ateliers pour rechercher les causes d’une diminution ou d’un accroissement, elle se disait :

— Voilà des filateurs !

Elle ne songeait plus à les dénigrer. Ils s’imposaient. Tout le personnel d’ailleurs en