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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/277

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bancs d’étirage et soulevaient de leurs bras ravinés les rouleaux de coton cardé plus hauts qu’elles-mêmes. Une partie de la foule demeurait encore sur la route, ne pouvant entrer, et à la grille se produisaient des remous, des poussées, des disputes.

Des visages commencèrent d’apparaître aux carreaux des fenêtres, dans la façade qu’on scrutait timidement. Alors deux fillettes en blanc sortirent de la foule et vinrent en avant. L’une portait un gros bouquet de fleurs chères, l’autre un papier large couvert d’écriture. C’étaient des enfants qui, à l’atelier, la croupe ployée sous leur petit jupon, poussaient les chariots de bobines, sur des rails, jusqu’aux dévidoirs. Elles avaient aujourd’hui des robes coquettes et des chapeaux neufs. Pareils à des chiens de berger, les contremaîtres tournaient autour du troupeau en jappant des ordres. Soudain, à l’unisson, un grand cri partit :

« Vive messieurs Alibert ! »

Instantanément, comme si la cérémonie eût été répétée d’avance, Sam et Freddy, poussant la porte vitrée du vestibule, apparurent au perron. Alors un crépitement de mains nues claquées en plein vent éclata