Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/28

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s’abattit. Les deux chevaux qu’Élie tenait en main se cabrèrent d’effroi. Sur trente mètres, l’appareil laboura la prairie fleurie de renoncules jaunes, puis l’hélice palpita par saccades, comme agonisante, et Philippe Martin d’Oyse sauta de la carlingue.

Nerveux et mince, il faisait un petit bonhomme de laine grise avec son gros chandail qui recouvrait ses cuisses jusqu’au genou. Son passe-montagne laissait apercevoir un profil aigu de chevalier fer-vêtu. On n’atterrit jamais sans émotion, et il était un peu pâle. Il s’en vint gravement embrasser sa mère qui le pressa dans ses bras.

— Oh ! Élie ! Élie ! disait la jeune bru, voyez ce tableau ; cela n’a pas d’âge, pas d’époque. C’est simple, c’est légendaire, c’est moderne. Tout est épatant dans votre famille, mon cher.

Élie, sans lâcher les chevaux, serra la main de son frère.

— Bonsoir, Chouchou. Tu es très calé, tu sais.

Chouchou ne répondit rien et entra dans le vestibule. Sa mère le suivit, enlaçant de son bras blanc le chandail poussiéreux de l’aviateur.