Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pauvre silhouette frêle s’en aller lentement sur la route. Souvent elle s’aventurait par les champs de la ferme Josseaume où l’avoine verte remplaçait le blé de l’année dernière, jusqu’au petit bois où le cruel Philippe lui avait si durement expliqué les impossibilités morales de leur amour. Et quand elle était bien entourée d’arbres protecteurs, toute seule et loin des regards, elle relisait la terrible lettre de Chouchou, reçue la veille du jour où Cécile avait mis son fils au monde.

« Je vous suis devenu odieux, Fanchette, ce qui n’est que juste. Pourtant il me faut encore aujourd’hui essayer de me disculper devant vous. Je suis à la merci de mon appareil. Si je tombais, par hasard, ce serait dans la certitude que vous me détestez. Non, non, Fanchette, pas cela ! Je ne veux pas que vous me détestiez !

» Vous croyez que je ne vous aime plus, peut-être ? Si vous saviez ! Au rebours de ce que j’espérais, l’absence a développé cet amour contre lequel je voulais me défendre parce que nos divergences morales le viciaient. Il a envahi mes nuits et mes jours. Les mois s’écoulent, et je m’emploie inuti-