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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/30

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En redescendant de la bataille d’Arques, Henri IV s’était arrêté dans ce château qu’il devait hanter pour jamais de son grand fantôme historique. Les Martin d’Oyse d’alors lui étaient fidèles et, par loyalisme, lui avaient offert, pour la nuit qu’il passa là, une chambre neuve destinée au fils aîné dont on n’attendait que le retour pour célébrer les noces. Le Béarnais était un héros enchanteur, mêlant à sa haute race un grain de ce don d’ensorceler que possèdent les grands aventuriers. On raffolait de lui, et il se faisait un jeu de mettre, d’un tour de main, les cœurs et les consciences dans son escarcelle. Du jour où il eut couché dans la chambre de damas bleu, il ne cessa plus de peupler le château de son souvenir, de ses attitudes, des mots qu’il avait eus. Ainsi, parce qu’il s’était écrié dans les jardins : « Que l’on se sent verdelet icy ! Que la nature est verdelette ! » le château d’Oyse avait changé son nom pour recevoir du prince un nouveau baptême. On l’appela les Verdelettes. Quant à la chambre, on décida qu’elle serait gardée intacte en souvenir du royal chevalier. On en ferait seulement l’honneur aux nouveaux époux de la famille pour leur nuit de noces.