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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/304

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comprit. Il avait perdu non seulement la maison, mais ce qui en était l’âme, c’est-à-dire le culte religieux de la vieille servante. Les destructeurs, avant de s’en prendre aux murs, s’étaient attaqués à l’attachement de la bonne femme. Et M. Martin d’Oyse pleurait aujourd’hui l’époque où les Alibert n’étaient pas encore venus, où la guerre était dure contre l’adversité, mais où il s’épanouissait au milieu de sentiments subtils et robustes à la fois, que personne au moins ne cherchait à combattre. Fanchette réfléchit longuement. Les événements matériels n’ont de sens que dans leurs rapports avec le cœur humain. Fanchette voyait clairement le rapport poignant qui existait entre l’écroulement de la maison et le cœur de M. Martin d’Oyse. Elle balbutia :

— Je le reconnais à présent, c’est odieux ce que mes frères ont fait là…

M. Martin d’Oyse la considéra, surpris. Les yeux froids et tristes se levaient sur lui avec une expression d’angoisse. Elle était tremblante. Il lui dit :

— Mes larmes m’ont trahi, mon enfant, mais que vos frères l’ignorent.