Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/332

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en tenant dans mes bras cet enfant qui est le but auquel tendaient les dits phénomènes. Chouchou, tu es dans le vrai en aimant la jolie Fanchette. Si ces femmes très différentes de nous, dont nous n’atteignons jamais l’âme entière, que nous ne possédons jamais complètement, à qui nous nous exaspérons de ne pouvoir faire lire clairement dans nos pensées, attirent ainsi notre désir, c’est que notre race est avide de se parfaire en elles. Chouchou, avouons-le, beaucoup de facultés nous manquent. Refais le chemin parcouru. Constate ce que les Alibert nous ont apporté à côté de leurs capitaux. Regarde l’usine. L’œuvre accomplie est énorme. Qui en est l’auteur ? Les Alibert. Leur action est celle d’un génie différent du nôtre, contraire au nôtre. Je sais bien qu’ils sont en train de nous manger. Leur force a débordé le lit où nous aurions voulu la canaliser. Nous leur avions demandé de sauver la filature, pas de se substituer aux Martin d’Oyse dans le rôle héréditaire que nous tenions dans le pays. Leur vitalité a tout pompé : la popularité, l’admiration, la reconnaissance, les vieilles fidélités. Papa l’a dit un jour : nous ne sommes plus rien