Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/54

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bougèrent. Il dut prononcer un chiffre qu’il fit exprès de ne pas laisser entendre, craignant qu’il ne fût ou trop élevé ou trop faible. Alors les Martin d’Oyse se regardèrent d’un air indéfinissable. Tous deux sentaient parfaitement qu’on aurait pu lui proposer deux cents francs au point où il en était, il se serait estimé content. D’autre part, le malheureux bonhomme ne semblait pas valoir davantage. Mais aussitôt ce chipotage leur répugna ; le diable du commerce ne les tenta qu’en vain. L’habitude qu’ils avaient de ne jamais s’abaisser les ressaisit aussitôt. Profiter, même légitimement, de la situation, ils ne le purent pas ; il fallait, au contraire, traiter l’occasion en grands seigneurs, en dédaigner l’avantage.

Élie commença le premier :

— Monsieur, nous vous donnerons…

Le père et le fils, d’un accord tacite, achevèrent ensemble :

— … Quatre cents francs par mois.

— J’accepte, messieurs, j’accepte, dit en souriant de plaisir M. Senlis.

Comme ils passaient devant le cèdre en se dirigeant vers les ateliers qu’on voulait montrer au nouveau directeur, les Martin