Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/61

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tout cela, monsieur, si vous n’aviez pas dû vous en apercevoir de vous-même.

— Cette petite Marthe, elle est extraordinaire, dit M. Martin d’Oyse. Elle a l’œil à tout. Elle dirigerait l’usine comme un homme.

Marthe devint écarlate.

— Oh ! non, monsieur, je ne la dirigerais pas, mais je l’aime bien. Alors, quand on aime les choses, cela vous inspire de bonnes idées.

Ils ouvrirent la porte de la vaste chapelle où des théories de pianos dépouillés filaient vertigineusement le coton sur des milliers de bobines. Marthe prononça, et sa voix se perdit dans le fracas infernal :

— C’est si beau, cela, monsieur !

M. Martin d’Oyse compta. Huit bancs étaient arrêtés et ne filaient pas. Il fit un rapide calcul mental. C’était un déficit de six cents kilos de fil par heure. Il s’approcha des bambrocheuses restées à leur poste :

— Vous n’avez pas abandonné le travail, c’est bien, leur dit-il.

Une d’elles répondit :

— Ah ! on a bien eu envie de partir toutes. On n’a pas de courage à travailler si l’usine doit fermer d’un jour à l’autre.