Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/64

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de ses roues, de ses excentriques, de ses cylindres. Pas une pièce qui ne bougeât dans un mouvement de va-et-vient continuel. Ce métal avait la souplesse, la douceur de la chair, et dans un petit tube de verre une goutte d’huile tombait de temps à autre qui s’infiltrait ensuite dans l’organisme du colosse pour alléger encore ses frottements. Une convulsion sans fin le tourmentait. Il répandait une chaleur torride, et le mécanicien, à demi nu, tournait alentour, se courbant sous les courroies sifflantes qui fuyaient dans l’espace. Mais plus terrible encore était, contre le mur, la roue géante. Ce grand cercle magique dont le tournoiement donnait le vertige, portait à lui seul la force qui là-bas écartelait le coton dans les ouvreuses, le peignait dans les cardeuses, le liquéfiait en une nappe mousseuse, le tordait en mèche, retirait en fil, l’enroulait en peloton, le déroulait en écheveaux. De tout ce travail, la roue sévère, inscrite au mur comme un signe, était la seule maîtresse. Pour avoir touché l’espace d’un instant à sa puissance, les courroies chargées de vigueur couraient ensuite aux ateliers et transmettaient ce mouvement d’universelle giration à des cen-