Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/78

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Le banquier le reconduisit jusqu’à sa calèche qui stationnait devant le perron des bureaux.

— Je vous prie, monsieur, disait-il, de ne retenir que le caractère tout cordial de cette conversation.

M. Martin d’Oyse sourit en s’inclinant ; mais, sur le perron, il quitta le banquier sans lui tendre la main.

Le soleil inondait les quais de Rodan sur lesquels s’étalait la façade blanche de la banque ; le fleuve miroitait ; on respirait l’odeur du goudron et du vin ; la mâture des grands bateaux de commerce évoquait les lointains voyages : l’un d’eux, en partance, lançait au port un appel déchirant comme un interminable sanglot. M. Martin d’Oyse, dans sa voiture découverte, pensait :

« Alors c’est le spectre de la faillite. Mes enfants et ma chère Élisabeth connaîtront-ils la honte de ce mot ? Pour soi-même, il y a quelque orgueil à être malheureux ; mais c’est une grande honte d’avoir conduit au malheur ceux qu’on aime. »

Et il se souvenait du petit pont sur l’Aubette qui faisait autrefois face au cèdre, dans la propriété des Béchemel, et où,