Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/84

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tramways sur leurs rails composait un tonnerre continuel et sourd. Tout le trafic d’un quartier de la France, la vie frémissante des affaires, la fièvre moderne résonnait tumultueusement sur le pavé de la place. Mais le président, sans égard à ce bruit importun, trancha le différend d’une manière élégante. Rien, dit-il, dans les règlements de la compagnie, ne s’opposait à ce qu’un membre donnât ici connaissance d’une belle page, d’un morceau heureux. Et s’il y avait un doute sur l’opportunité de produire dans cette assemblée l’œuvre d’un écrivain étranger à la compagnie, ne devait-il pas être solutionné, dans le sens le plus convenable à l’esprit d’aménité, de confiante cordialité qui animait la Rose Rodanaise ? À plus forte raison s’il s’agissait d’un poème composé par le fils d’un confrère.

— C’est le bon sens même, dit le vénérable doyen.

Ce jugement tranquillisa les plus timorés. Ils avaient connu le supplice d’être partagés entre le respect des traditions et leur délicate politesse. Maintenant tous mettaient l’affabilité la plus cérémonieuse à revendiquer l’audition de ces jeunes vers.