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Page:Yver - Les Cousins riches.djvu/92

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de cuir, ils gravirent le degré du pas souple et moelleux de deux beaux fauves.

« Soyez les bienvenus, messieurs, » prononça cérémonieusement M. Martin d’Oyse. Ils ôtèrent leur casquette, leur affreux masque tomba ; ils avaient le teint clair, le poil doré ; l’aîné, Samuel, qui dépassait la trentaine, commençait d’être un peu hâlé par l’usage de l’auto, et de son nez court aux narines béantes il semblait flairer le vent comme un chien de chasse. Ils s’inclinèrent silencieusement devant le châtelain.

Au salon, toute la famille les attendait. Même on avait mandé Philippe, la veille, par télégramme, car l’aviateur, dont le patron était voisin de la minoterie, fréquentait chez les Alibert. Les jeunes gens entrèrent. Leur veste de cuir laissée au portemanteau, ils apparurent en complet de sport, carrés d’épaules et légèrement déhanchés. On les trouva charmants quand ils vinrent, impassibles et d’un pas cadencé, baiser la main de madame Martin d’Oyse et de leur cousine. Chouchou laissa tomber ces mots à l’oreille de son père :

— Il n’y a pas que nous sur la terre, papa.