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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/107

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habilement la lettre, qu’il n’ait pas saisi toutes les ressources qu’elle offrait. J’aurais voulu votre avis sur cette lettre, maître, je l’ai copiée : la voici… Et, faisant un pas elle déposa une enveloppe sur le bureau.

— Madame, dit Fabrezan en se dressant à son tour, cette lettre ne m’intéresse à aucun titre : elle appartient à un dossier d’un de mes honorables confrères, elle n’en doit pas sortir.

Il était debout devant elle, solennel, imposant, la redingote flottante sur son grand corps épais. Tout l’orgueil de l’Ordre avait passé dans sa bouche quand, parlant de Clémentin, cet avocat équivoque aux louches trafics, solliciteur de causes d’apaches, il l’avait en quelque sorte couvert d’un manteau en l’appelant son « honorable confrère ». Et elle, qui se savait laide, chétive, sans charmes, incapable de troubler un homme, tremblait en suppliant celui-ci.

— Maître, un mot seulement !… Vous trouveriez dans cette lettre le terme, la phrase qui peut servir à en démontrer l’inanité, à prouver que la société en faillite ne doit pas être reconnue débitrice.

Fabrezan se contentait de sourire négativement en secouant la tête, et il repoussait l’enveloppe. À la fin n’y tenant plus, madame Gévigne la reprit, l’ouvrit et, avec un frémissement léger, étala, sur le buvard du maître, la lettre ou s’épinglait un billet de cent francs. C’était un essai de