Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/112

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miraculeux conseil, le moyen d’éviter le déshonneur d’être secourue par Faustin. Maintenant il fallait que le vieux maître, par compassion, se fit impérieux, lui indiquât les démarches nécessaires, les lui présentât comme un devoir : la lettre au mari, puis, en cas de refus, la visite à l’avoué, le choix d’un avocat… Et, tout en la reconduisant, il parlait d’autorité, comme à un enfant faible et incapable qu’il faut mener.

— Pauvre petite ! murmura-t-il quand elle fut partie, et dire qu’il y en a tant, logées à la même enseigne !

Ces infortunes le navraient toujours : il fit le geste de secouer des idées trop tristes. Mais voici qu’on introduisait la petite madame Vélines, la serviette sous le bras, en courses professionnelles.

— Bonjour, monsieur le bâtonnier.

— Bonjour, cher confrère.

Il l’appelait toujours ainsi, un peu ironiquement, ne prenant pas au sérieux cette intrusion des femmes au barreau, leur faisant bonne mine par galanterie de vieil homme aimable, boudant au fond cette transformation inopinée des mœurs judiciaires. Mais, cette fois, Henriette entrait d’un petit air si crâne, si délibéré, très respectueuse envers le grand ancien, et cependant si énergique, qu’il fut frappé de la voir soudain s’asseoir là, à la place même de l’autre.

— Monsieur le bâtonnier, je viens pour l’affaire Marty…