Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/114

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bureau. Ils s’absorbèrent chacun dans sa lecture, il y eut un silence. À la fin, Fabrezan haussa dédaigneusement les épaules, maugréa :

— Cet enfant est absolument bien portant… Mon client est dans son droit ; si j’avais été le père, moi, il y a longtemps que le petit gaillard eût été fourré au lycée.

— À moins, monsieur le bâtonnier, que madame Fabrezan, plus clairvoyante dans son amour maternel, n’eût cru devoir le dorloter encore une année ou deux !

Et, les lèvres serrées, légèrement nerveuse, elle crayonna sur son carnet les quelques lignes médicales qui affirmaient la bonne constitution du petit garçon, sa parfaite aptitude à commencer ses études dans un établissement scolaire. Elle écrivait vite, en travailleuse intellectuelle, et Fabrezan la considérait toujours, si délibérée, si prompte à se débrouiller, offrant l’idée d’une force, en dépit de sa grâce fragile. Et il la comparait à l’autre femme, à cette pauvre abandonnée, impuissante à se tirer d’affaire, livrée à tous les hasards, subissant tous les revers en mineure incapable, au lieu de commander au sort. Alors la petite madame Vélines, instruite virilement, armée comme un homme contre toutes les infortunes, lui fut soudain une révélation. Après tout, pourquoi ne les élèverait-on pas, elles aussi, en prévision de la lutte, même les plus riches ? La dot d’une main, un métier de l’autre, elles entreraient fièrement