Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/117

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Voilà ! s’écria Fabrezan en riant ; vous êtes les modernes amazones, les amazones cérébrales libérées et intrépides.

— On est ce que l’on veut être, riposta la jeune femme orgueilleusement.

Mais Fabrezan, sous son sourire, demeurait troublé, inquiet même. Il connaissait depuis dix ans cette charmante Henriette, il avait pour elle une affection courtoise de vieil homme affiné, et, malgré les études, les titres de sa jeune amie, avait continué à n’admirer en elle que sa grâce. Tout à l’heure la masculine énergie qui lui était apparue dans cette délicate créature l’avait séduit, et des horizons nouveaux s’étaient découverts à ses yeux. Mais soudain il se demandait, en la voyant si volontaire : « Quelle épouse fera-t-elle ? Vélines sera-t-il heureux toujours ? Si la femme, dont le lot est déjà pas mal avantagé, conquiert aussi la force, la face du monde ne va-t-elle pas changer ? »

Cependant Henriette, que pressait toujours la besogne, boutonnait sa jaquette et ses gants, reprenait sa serviette chargée, disant qu’elle devait se hâter, car elle avait à passer ce matin même à Saint-Lazare pour voir une cliente recommandée par mademoiselle Angély.

— Au revoir, monsieur le bâtonnier !

— Au revoir, cher confrère ! répondit Fabrezan en lui serrant la main.

Et, s’attendrissant un peu :