Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/119

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— Oh ! je vous embête, je m’en doute. Voilà la quatrième fois que je viens vous voir cette semaine… Mais, aujourd’hui, je vous certifie que ma visite est motivée.

— Mon bon ami, répliqua Fabrezan qui l’observait tristement une main sur son épaule, ce n’est pas votre avocat que vous devriez consulter, mais votre médecin. Vous n’avez pas quarante ans, et vous vieillissez très vite. Les procès de l’estomac et du foie, moi, ça ne me concerne pas.

Lui se redressait, répondait, en s’efforçant à la gaieté :

— Mais je vais bien, je vais très bien, je vous assure !

À la vérité, son teint se plombait, ses cheveux, rejetés en touffe sur la tempe droite, grisonnaient, et ses yeux, longuement fendus sous d’épais sourcils noirs, ses yeux qui, dix ans plus tôt, le faisaient un peu trop joli, s’enfiévraient sous le bistre des paupières fripées.

— Mon cher, dit Fabrezan, vous n’êtes pas assez brave contre le sort. Que diable ! tous les hommes ont leur chagrin. Vous avez le vôtre, c’est vrai, mais il en est de pires.

— Oh ! certainement : aussi je me résigne ; je prends mon mal en patience.

— Il n’y paraît guère, mon pauvre ami… Que seriez-vous devenu si votre fils était mort ?

— Si mon fils était mort, mon cher maître,