Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/121

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lui », qui s’asseyait sagement sur un tabouret et causait comme une grande personne ; puis l’élan passionné de sa paternité qui, tout d’un coup, l’avait jeté à genoux, lui, Alembert, les bras noués au cou de son fils, pleurant, sanglotant, à demi fou, demandant : « Veux-tu rester avec moi, veux-tu rester ? » et le pauvre enfant éperdu, apitoyé, répondait oui… Mais Fabrezan disait vrai… sensible et précoce comme l’était Marcel pouvait-il répondre non ?

— Allons, allons, fit le vieil homme avec énergie, secouons cela… Quoi de nouveau ?

— Une lettre. Une lettre dont nous allons pouvoir faire état, j’espère. Un ami, dont le fils est camarade de Marcel, me l’a remise hier soir. Les deux enfants s’écrivent. Cette lettre est de Marcel. Lisez-la, cher maître.

Très myope, Fabrezan approcha de son visage le papier rose où s’arrondissait l’écriture appuyée et régulière du petit Alembert, et, tout en lisant, il articulait à voix basse :

Mon cher Jean,

Je suis allé hier au Luxembourg avec maman ; on croyait te voir, mais on ne t’a pas rencontré Le jour de la mi-carême, j’irai sur le balcon de grand’mère voir la cavalcade ; je demanderai à grand’mère de t’inviter aussi C’est chez papa qu’on aurait été le mieux Je m’ennuie beaucoup de lui, ce pauvre papa, et je voudrais bien y aller plus souvent. Tu as bien de la chance qu’il aille quelquefois dîner chez vous. Quand tu le verras, dis-lui que je l’embrasse bien et que…