Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/122

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Ici une épaisse rature masquait la phrase : Fabrezan éleva la lettre du côté de la fenêtre et tâcha de lire par transparence, mais Alembert, qui dès avant lui avait tenté l’expérience sourit :

— Oh ! je reconnais bien là le trait d’encre de la mère… La phrase, je l’ai déchiffrée « et que je voudrais bien être auprès de lui… » Ma femme ne pouvait laisser passer des termes aussi compromettants. Aussi s’est-elle efforcée de les rendre invisibles, mais j’ai tout déjoué.

— Effectivement, reprit Fabrezan, la phrase se devine les lettres hautes dépassant le trait concordent avec les mots que vous dites… Eh bien ! mon cher, je garde cette épître ; elle sera une des principales pièces de mon dossier.

— N’est-ce pas ? s’écria le pauvre homme dont les traits s’illuminèrent. La volonté formelle de l’enfant marque là : « Dis à mon père que je voudrais bien être auprès de lui… » Il m semble que là devant le tribunal n’aura qu’à s’incliner. Hélas ! ne vous y fiez pas. Nous ferons notre possible, mais songez à l’atout qu’à votre femme dans son jeu… sans compter sa grande intelligence qui la rend apte à conduire les études d’un enfant de douze ans !… Songez à sa dignité, à son impeccabilité…

— Ah ! oui, fit avec une sourde impatience le divorcé, la dignité, l’impeccabilité de ma femme, en regard de ma faute, à moi !… Ma faute !… Eh !