Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/125

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autres exigent de lui leurs propres vertus… Je n’avais jamais trompé Suzanne, elle était orgueilleuse de ma fidélité, elle la réclamait rigoureuse comme la sienne puisque nos droits étaient semblables, nos devoirs ne devaient-ils pas l’être ?

— À juger comme la loi, elle avait raison, interrompit Fabrezan, puisque l’adultère de l’un des deux conjoints entraîne indifféremment le divorce Mais si l’on s’en tient à l’ordre naturel, c’est autre chose : car l’adultère de la femme peut introduire dans la famille des rejetons étrangers. L’argument n’est pas neuf, mais il est juste… — Et comptez-vous pour rien, protesta l’ingénieur, la signification du don de la femme, qui engage sa pudeur, son honneur, sa réputation, qui sous-entend l’entier abandon d’elle-même, alors que l’homme…

Et, secouant la tête, il fit claquer ses doigts en l’air, d’un geste qui disait quelle bagatelle, quelle vaine aventure sans importance avait été le caprice qui lui avait coûté son bonheur.

Évidemment, déclara le vieil avocat, qui avait vu tant de choses, vous avez été moins coupable que la femme qui flirte, vous avez moins péché contre la religion de l’union absolue que l’épouse qui accorde un peu de son cœur à quelque chevalier servant. Les femmes peuvent nous trahir en pensée plus gravement que nous ne les offensons par l’inconstance physique de notre nature ; mais s’il est un cas où la faute du