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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/126

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mari devient impardonnable, c’est le vôtre, mon pauvre ami : car vous aviez une compagne souverainement loyale, qui ne se serait jamais laissée aller à la moindre compromission sentimentale.

Alembert, toute son âme tournée vers le passé, murmura :

— Oui, Suzanne avait le droit d’être sévère : j’ai lu dans la beauté de sa conscience transparente. Toute jeune encore, nous n’étions pas mariés depuis trois ans, elle a été aimée, courtisée, tentée même. Avec une franchise virile elle m’a tout confié alors. Oh ! non, celle-là, une pensée, un mouvement de son cœur, elle ne me les aurait pas dérobés. Elle était la perfection.

Puis, avec un soupir navrant d’homme brisé, il se redressa en soupirant :

— Mais il me faut mon fils !

Fabrezan l’avait laissé, comme tant de fois déjà, se confesser longuement, intimement. C’était grâce à ce procédé qu’il semblait porter à la barre l’âme même de ses clients dont il aimait à pénétrer la plus secrète histoire.

— Oui, répondit-il, je plaiderai ceci madame Marty ayant voulu le divorce que le mari ne désirait pas, qu’elle en subisse la douloureuse conséquence, la perte de son enfant !

En lui disant adieu, Alembert lui serrait les mains désespérément, comme à un être très puissant et très bon qui aurait détenu sa destinée. Fabrezan essaya de lui communiquer de l’énergie :