Aller au contenu

Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tage, mais le tout n’allait pas à quinze mille. Elle ne comptait pas ses honoraires, qui ne lui payaient même pas ses toilettes. Restaient les huit ou dix mille francs que le jeune avocat commençait à se faire annuellement. Certes, c’était l’aisance ; mais Henriette entendait établir dès maintenant un budget où, les dépenses demeurant en deçà des recettes, la naissance d’un enfant pût être attendue sans provoquer cette inquiétude si douloureuse à une jeune mère. Donc, on n’aurait pas d’automobile. Pour le service, le ménage qu’on avait, le mari valet de chambre un peu lourdaud, mais la femme remarquable cuisinière, suffisait aux besoins présents. Quant aux dîners, Henriette serait bien contente de recevoir, aussi souvent que son cher André le désirerait, ces messieurs de l’Ordre, mais elle aimerait que ces petites réunions eussent toujours un caractère d’intimité. Elle ne se connaissait pas deux liards de vanité : à quoi bon s’efforcer de créer autour de soi une légende d’opulence ? Avaient-ils quelque chose à envier, elle et lui, n’étaient-ils pas heureux ?

Vélines, un peu surpris tout d’abord de trouver ces propos de sagesse sur les lèvres enfantines de sa chérie, lui céda, par simple tendresse. Le programme de vie luxueuse dont il rêvait se réaliserait bien un jour. Avant dix ans, ses honoraires auraient doublé, quadruplé ; sa réputation, qui avait toujours été croissant, ne pouvait man-