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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/138

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semblaient véritablement avoir inauguré sur terre l’hymen nouveau, beau comme un rêve.

Au commencement de mai, Vélines se disait souffrant. Mais il avait tant de courage qu’il ne quittait ni les audiences ni son cabinet. L’heureuse Henriette, avec cette confiance insouciante qui fait toujours crédit au destin, ne se tourmentait pas, travaillait, prononçait distraitement : « Repose-toi donc, chéri… » Puis, un soir, à l’heure de la consultation, comme elle venait de reconduire une cliente, la porte de son cabinet s’ouvrit ; André pâle, défait, tout frissonnant, entra en murmurant :

— Je me sens très mal.

Ce fut pour elle l’écroulement subit de cette félicité paisible dont elle jouissait depuis qu’elle était au monde. Les yeux dilatés, elle contemplait Vélines grelottant de fièvre. Pour la première fois, elle comprenait que le malheur pouvait aussi fondre sur elle, comme sur tant d’autres, lui prendre son mari. Et, toute froide, elle vint à lui sans rien dire, l’enveloppa d’une caresse, l’entraîna dans leur chambre, le mit au lit avec une sorte de solennité, quelque chose de sacré dans sa tendresse, comme si elle avait atteint au terme de leur béatitude amoureuse. Et pendant que le valet de chambre courait chez le médecin, elle