Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/139

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demeurait debout près du lit, les mains jointes, haletante d’une passion désespérée à la pensée qu’il allait peut-être mourir là.

Ses inquiétudes n’étaient pas sans raison et le docteur qui arriva bientôt les partagea. C’était de la gorge que le jeune homme souffrait abominablement. Quand, après l’examen, Henriette vit introduire entre les lèvres de son malade une lame qui gratta doucement les amygdales, elle sut quel était le mal qu’on craignait. Elle envisagea tout, l’analyse des membranes, le bacille, la diphtérie, et le sinistre de ces images la gagna : elle pénétrait dans la nuit tragique de l’horreur. Le médecin parti, le lugubre tête-à-tête recommença. Les jours étaient longs déjà : par la fenêtre ouverte, on apercevait le fer forgé du balcon en forme de corbeille, et le platane de la cour intérieure d’où venait le pépiement assourdissant des moineaux cherchant un gîte. Henriette retenait ses larmes. André, que la moindre parole déchirait, restait silencieux. Au bout d’un long moment, Henriette revint au chevet. Sans se parler, tous deux se regardèrent, et l’effroi de la séparation passa si clairement dans leurs yeux. qu’ils devinèrent leur muette et commune angoisse. André fit un effort pour sourire, et il articula tout bas :

— Ma pauvre chérie !…

Henriette, à bout de résistance, s’abattit sur le lit ; elle étreignit André en chuchotant :