Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/140

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— Je ne suis pas inquiète, tu sais : ce ne sera rien.

Mais lui sentait le mensonge de cette phrase. rien qu’à l’enlacement, au frémissement de sa femme. Il se jugea perdu. Alors un immense regret monta du fond de leurs âmes. Se quitter après quatre mois de cette union si douce, quand ce n’eût pas été trop d’une longue vie pour se goûter vraiment, se savourer l’un l’autre !… Et leurs efforts furent vains : ils pleurèrent. Ils se considéraient avidement, comme à la veille du grand départ…

Tard dans la soirée, on vit revenir le médecin, qui fit une piqûre de sérum. Il s’adressa ensuite à Henriette, et lui proposa de lui envoyer une garde de l’Hôtel-Dieu pour la veillée. Mais elle pâlit, ses traits s’altérèrent, ses yeux s’arrêtèrent avec une expression passionnée sur le visage de son mari, et, ferme, décidée, elle répondit :

— Non, non ; je veux rester seule.

Le médecin essaya d’insister. Elle se contenta de répondre non. Sa voix tremblait. Il comprit qu’elle ne quitterait pas ce lit une seule minute. En sortant, il l’entraîna vers l’antichambre, où se consumait une petite lampe, tandis que les vitres des vieux pastels miroitaient aux murailles. Il se pencha vers elle :

— J’ajoute, madame, que vous devez, en conscience, prendre toutes les précautions d’antisepsie, d’élémentaire prudence contre la conta-