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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/14

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dieu, est président de chambre à la cour. Comme famille, en effet, on ne peut rêver mieux.

André Vélines respira fortement. Il embrassait du regard la noble salle, d’un regard dominateur et avide, où il y avait de la convoitise et de l’ardeur. Ce n’était plus Henriette qu’il voyait, mais Fabrezan, le bâtonnier illustre, Ternisien, le triomphateur des assises, Blondel le subtil, que les belles dames du seizième arrondissement venaient entendre, ne plaidât-il que pour une mitoyenneté de mur, Lamblin, qui ne comptait pas dix ans de plus qu’André, et dont la logique indestructible était célèbre, et Lecellier, à la douce, suave et persuasive éloquence, et ce jeune stagiaire au teint mat, aux yeux de braise, Maurice Servais, que les anciens suivaient attentivement à la huitième correctionnelle, où il défendait les mineurs. Et, dans cette multitude mouvante, où chaque visage représentait pour lui un nom, rappelait en lui un sentiment puissant d’amitié, de dédain, d’envie ou de haine, lui à qui la gloire venait déjà, qui se savait dans les forts, entrevoyait la place promise. Il serait entre Ternisien, le sentimental brùlant, et le captieux Blondel, l’avocat littéraire, charmeur et dialecticien, celui que le tribunal écoute, enjôlé, vaincu d’avance, pris aux rets d’acier d’une argumentation coquette et virile.

— Elle a vingt-cinq ans, continua madame Mansart ; toi, trente-trois : les âges sont conve-