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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/141

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gion. Votre mari évitera, je l’espère, la maladie que nous redoutons ; il n’en faut pas moins agir comme s’il en était atteint. Si vous ne voulez abandonner à personne le soin de le garder, vous pouvez cependant vous défendre les séjours prolongés près de son chevet, surtout les contacts.

Elle répondit :

— Oui, docteur.

Puis elle revint à André, lui noua ses bras au cou, et, toute palpitante d’une exaltation qui lui faisait jouer follement sa vie, elle respirait longuement son souffle en lui souriant. La nuit fut pénible. Des lavages de la gorge apaisèrent le malade : il connut le sommeil affreux de la fièvre. Anxieusement, Henriette, assise contre le lit, le regardait dormir. Comme elle l’aimait ! Comment pourrait-elle continuer à vivre, s’il mourait ? Jamais elle n’aurait cru que son cœur pût vibrer à ce point. Et elle se remémorait les menues scènes de leur amour, qui avait été jusqu’ici une sorte de délicieuse amitié romanesque dont elle ignorait la force. Elle pensait maintenant :

« S’il meurt, je m’allongerai près de lui dans ce lit pour mourir à mon tour. »

En d’autres instants, elle se reprochait de lui avoir mal exprimé cette ferveur amoureuse dont elle-même n’était pas consciente. Ne lui avait-elle pas ménagé les caresses, les étreintes, les