Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/144

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— Ah ! les pauvres enfants ! les pauvres enfants !

Ce soir-là, au crépuscule, de larges épaules carrées glissèrent dans l’entrebaillement de la porte c’était Fabrezan qui arrivait en vieil ami, conduit là, tout droit, par le valet de chambre. Il s’arrêta une seconde ; il vit le grand lit où, sur l’oreiller chiffonné, s’agitait la forte tête rasée de Vélines, au masque pincé, terreux, presque mortuaire ; il vit debout, dans sa robe de chambre fripée, la main à sa hanche lasse, Henriette dont les yeux suivaient tous les mouvements de son mari, Henriette ardente, frémissante, Henriette amante. Les lambris étaient hauts, blancs, perlés dans les rainures. Des idylles aux couleurs enfumées étaient peintes au-dessus des portes. Un tapis de nuance tourterelle ouatait les pas. Sur un bonheur du jour aux galeries de cuivre, un amour doré supportait la sphère d’une pendulette, où de grosses aiguilles ouvragées tournaient lentement. Et, par toute la pièce, on n’entendait que le bruissement du balancier en forme de lyre.

Fabrezan-Castagnac demeurait au seuil de la pièce, consterné Quoi donc ! ces deux beaux enfants, image de l’absolu bonheur, allaient-ils être frappés si tôt ?

— Oh ! monsieur le bâtonnier ! dit Henriette qui venait de l’apercevoir.

Et, lamentable, défaite, portant déjà en elle tout le ravage de la séparation dernière, elle vint