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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/145

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à lui et, tendant sa main brûlante, elle murmura, assez bas pour qu’André ne pût entendre :

— Vous m’aviez dit l’autre jour : « Ne faites pas deux parts de vous-même… soyez toute à votre mari… » Je vous jure qu’il m’avait tout entière… Oh ! s’il s’en allait… que resterait-il de moi ?…

— Que me chantez-vous ! il va guérir…

Le valet de chambre revint portant une carte : madame Marty était là ; « elle voulait absolument voir madame pour une affaire urgente ».

— Je ne connais plus qu’une affaire urgente, dit la jeune femme entre ses dents.

À ce moment, dans le fond de la chambre, contre la colonnette de la cheminée, Fabrezan distingua madame Mansart, en très petite vieille, affaissée dans une bergère, les mains croisées. Elle ne disait rien. Elle avait les yeux sur Vélines, se cachant presque, tout orgueil abdiqué, ne demandant qu’à être tolérée là, pour voir son petit-fils jusqu’au bout. Et, l’oreille tendue, elle guettait le souffle du malade, attendant avec épouvante la respiration rauque…

— Madame recevra-t-elle cette dame ? insista le valet de chambre.

— Dites que je ne reçois personne, que je ne sors pas d’ici.

— Cette dame n’aurait dit qu’un mot à madame, recommençait le pauvre homme, à qui la leçon venait d’être faite.