Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/150

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mangée. Et le plus étrange est que la petite exulte. Elle a sauvé son homme le Palais peut crouler à côté d’elle… Non, non la face du monde n’a pas changé ; elles sont toujours, avant tout, des amoureuses. »

Peu à peu l’été s’avançait. Les forces de Vélines ne revenaient pas vite ; mais il se sentait hien dans la tiédeur de sa maison, où la présence de sa chère Henriette mettait un charme continu. Il voulait qu’elle ne le quittât point d’une minute, comme si une angoisse puérile lui fût demeurée depuis les instants où il avait cru la quitter pour toujours. Ils lurent ensemble des romans. Ils lisaient, des après-midi entières, de chaudes après-midi de juin, de juillet, où le ciel parisien se plombe, où le sourd fracas de la ville ressemble à un roulement orageux. Le petit salon blanc était silencieux, discret comme une chapelle ; les pendeloques de cristal du lustre vénitien se miraient immobiles dans l’eau ternie des glaces ; les perses des tentures fleuraient encore la cotonnade neuve. La voix d’Henriette lisant haut, berçait le jeune homme. Ce fut une période exquise.

Parfois, le soir venu, Henriette se penchait à la fenêtre. À ses pieds, s’allongeait le triangle de la place Dauphine. Elle pensait qu’en ce bout