Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/151

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de l’île, au temps de saint Louis, fleurissaient les jardins royaux ornés d’oiselleries, les verts bosquets qu’un petit ruisseau coupait en deux, et elle imaginait la jolie reine Marguerite, en hennin. s’y promenant de cet air mélancolique et sage qui sied à l’épouse d’un saint roi. Puis ses regards, tournant à droite, cherchaient le vieux palais où s’accomplit leur mariage. La jolie reine avait là ses appartements secrets aux noms si poétiques : la chambre aux eaux de rose, la chambre de parade, la chambre des bains, la chambre blanche… Qu’était-elle, cette chambre blanche ? Et Henriette se la figurait lambrissée de marbre, tendue d’un damas couleur de neige, avec des lis peints au plafond, et des jonchées de roses crème à terre. Et la jolie reine s’y tenait réveillée, attendait le plaisir du saint qui la venait voir à l’aube avec grande révérence…

Henriette restait là longtemps, très rêveuse. Comme il était vénérable, ce Palais ! que de beaux souvenirs dormaient en lui ! Et elle en avait une fierté profonde, comme d’une noblesse familiale dont elle participait.

— Que fais-tu là, chérie ? lui demandait André.

— Rien du tout, répondait-elle.

En allongeant un peu le cou, elle voyait là-bas l’escalier aux rampes blanches et son esprit ailé en gravissait les marches. De sa fenêtre on n’apercevait qu’un seul des deux lions de pierre grise, successeurs du lion doré qui, dans la grande salle